Pas à pas....
Guide de visite, 2015, Andrée Coupier-Dutruel, Lucien Cremmel
Le visiteur qui pénètre aujourd'hui dans la Roseraie voit, après le chalet d'accueil, le chapiteau nommé "Louise Weiss" : au long de la saison c'est un lieu modulable d'animations conviviales ou d'événements publics et privés pouvant accueillir jusqu'à cent personnes. Il précède un kiosque ancien en style suisse édifié en 1925 pour "abriter les sociétés de musique et chant, comme des représentations théâtrales et soirées qui se donnent chaque année clans l'enceinte de la Roseraie". Tout autour, le jardin déploie ses parterres en harmonie avec ceux qui constituent la "Roseraie historique "de 1900 à 1911. Les agrandissements successifs et surtout le déplacement de l'entrée principale de l'ouest vers l'est depuis 1938 ont contribué à modifier au fil du temps les perspectives paysagères. Cependant la Roseraie de Saverne ne peut être confondue avec une autre. Au jardin initial créé dans un temps très court selon les plans élaborés par M. Seyller jardinier à Saverne et M. Pierre Lambert rosiériste à Trèves, s'ajoutent de nombreux parterres ensemble agencés par zones thématiques. Les Zones actuellement définies sont repérables par couleur sur le plan. Chaque visiteur est libre de porter ses pas suivant son gré : nous ne proposons pas de sens de la visite.
Nous avons choisi de présenter, pour chaque zone, un rosier qui suscitera l'intérêt et invitera à d'autres découvertes.
Louise Weiss, l'européenne
Situés derrière le kiosque de 1925, les Parterres Europe présentent des rosiers dont le nom rend hommage aux hommes et aux femmes artisans de la construction européenne. La Rose Louise Weiss, emblème de la Roseraie depuis 1993, célèbre Ia mémoire de cette grande européenne dont la ville de Saverne est légataire universelle. Le rosier est un floribunda à fleurs en bouquet légèrement parfumées d'un beau jaune avec d'élégants boutons jaune d'or. La couleur rappelle celle des étoiles du drapeau de l'Europe, l'éclat de la lumière... Les feuilles sont épaisses et vernissées et les tiges peu épineuses. L'ensemble est d'un port évasé de 90 à 100cm de hauteur. Le rosier est bien résistant au froid. C'est une création de l'obtenteur alsacien Paul Pekmez dénommée PEKcoujalapp (nom du cultivar protégé par un certificat d'obtention végétale), résultats de nombreuses hybridations. L'obtenteur a fait don de ce rosier à la Société Alsacienne et Lorraine des Amis des Roses, désormais titulaire et propriétaire de la variété.
L'allée des amoureux
Une série d'arceaux sur lesquels se déploient des rosiers grimpants. Parmi ceux-ci, le "Grand Huit", découverte de Michel Adam, produit de magnifiques fleurs rouge velours au parfum capiteux et puissant. Le feuillage est brillant vert foncé. La floraison se poursuit toute la saison. Ce rosier a été couronné par un grand prix du parfum. L'Allée est scindée à mi-parcours laissant place à des bancs accueillants pour le visiteur. Tout à côté un rosier remarquable : il s'agit de "Cécile Brunner "création de Vve Ducher en 1881. Dans la Roseraie de Saverne ce polyantha buisson atteint une hauteur importante ; sa particularité attire l'attention. De près, on distingue dans la fleur une tige nouvelle, le bouton nouveau d'une nouvelle rose ! Les fleurs petites sont d'un beau rose clair carné. Le feuillage vert sombre. Ce rosier a reçu le prix "Old Rose Hall of Fame "de la WFRS.
L'histoire des roses...
La zone thématique consacrée à l'histoire des roses correspond à la partie Ia plus ancienne du jardin ouvert au public à la fin du mois de juillet 1900. Le parterre central restauré en 2015 est au cœur de l'histoire de ces fleurs admirées, convoitées pour leur beauté et leur parfum. Au nombre de ces rosiers "sauvages", le nom de rosa gallica est connu depuis des siècles et plus particulièrement la variété rosa gallica officinalis autrement appelée "rose de Provins "ou encore "rose des apothicaires". C'est un rosier robuste au feuillage vert sombre, non remontant. Les fleurs d'un rouge rose semi-doubles sont fortement parfumées. Bien d'autres roses anciennes attendent le visiteur qui découvrira dans les parterres contigus les descendances de ces premiers rosiers : Portland, Bourbon, Pernet, Noisette, etc...
Les obtenteurs alsaciens...
Suit la zone de conservatoire des roses crées par des obtenteurs alsaciens, en particulier Louis Walter directeur de la Roseraie sans qui ce jardin ne serait pas. Il crée en 1926 le rosier grimpant "Madeleine Seltzer", hybride multiflora au parfum modéré. Les fleurs ivoire évoluent vers le blanc porcelaine. Rosier non remontant au feuillage vert bronze sur des tiges peu épineuses, sa floraison est somptueuse. De la même année date le rosier "Général de Vaulgrenant", hybride de thé très florifère. Son histoire est singulière : cette variété "a été plantée la première et officiellement sur la ligne Maginot "(A. Dietrich) en 1938 par les soldats. Un an plus tard l'histoire est relatée lors du 38ème Congrès de la "Société Française des Rosiéristes Amis des Roses", à Bordeaux les 19 et 20 juin 1939. Labellisée "Rose Magínot", elle fit |'objet d'une souscription nationale et d'un fameux dicton "qui s'y frotte, s'y pique !".
Les roses Anglaises...
En passant sous l'arceau des Madeleine Seltzer, on pénètre dans un espace en ellipse ou les parterres regrouperont les variétés de Roses Anglaises. Nous avons choisi de mettre l'accent sur un rosier très résistant aux maladies et qui s'adapte à tous les climats : "Golden Célébration "créé en 1992 par David Austin à partir du croisement de "Charles Austin" avec "Abraham Darby". Rosier buisson vigoureux, très remontant, au port élégant, son feuillage est vert pâle brillant. Les fleurs d'un beau jaune d'or, en forme de coupe ont un parfum qui rappelle la citronnelle, le pamplemousse, la pêche et la poire. Il a été récompensé par le prix du parfum au concours "Rose Awards Day".
Les grands chefs....
Proche de la Zorn, petite rivière qui borde le centre ville au nord, ces parterres abritent des rosiers au noms de personnalités du monde culturel, artistique et culinaire, ainsi que des rosiers primés aux concours internationaux de Roses Nouvelles de Saverne. En 2006 la rose "Dominique Loiseau " a été baptisée à la Roseraie en présence de Madame Loiseau, la marraine, elle même originaire de la région. Georges Delbard a créé cette rose pour rendre hommage au parcours exceptionnel de Bernard Loiseau et récompenser son épouse qui poursuit l'œuvre de son mari. Le rosier est un floribunda robuste, bien résistant aux maladies et remontant. Les fleurs blanches semi-doubles en s'épanouissant laissent apparaître des étamines vivement colorées. La rose "Gaby Andres" salue la mémoire d'une grande amie de la Roseraie qui avait été membre du conseil municipal de la ville et s'était fortement impliquée dans la vie savernoise.
Les parterres "concours"...
En 2015 les parterres concours connaissent un nouveau développement pour installer les variétés des obtenteurs participants de plus en plus nombreux. Les rosiers rassemblés pour chaque obtenteur par variété en groupe de cinq pour les buissons et les mini-rosiers ou en trois exemplaires pour les sarmenteux, arbustifs et couvre-sol, sont seulement identifiés par des numéros. Ce n'est qu'après la deuxième ou troisième année de plantation que le Jury International interviendra pour la notation.
Pour conclure...
Pour conclure votre visite, peut- être profiterez-vous de quelques instants sous les tonnelles ou le pavillon Louise Weiss. Nous vous invitons à découvrir encore une rose ancienne très particulière tout près de l'espace de repos sous les tilleuls près de la Zorn : "Rosa Viridiflora" encore nommée "green rose viridiflora" est une mutation spontanée de "Rosa Chinensis" constatée aux États-Unis au XVIIIème siècle ; certains avancent plutôt la date de 1833. Le feuillage est vert clair lumineux et brillant, les fleurs moyennes et doubles avec de petits pétales vert foncé. L'étrangeté de ce rosier n'est pas sans séduction.
Bonne visite.